Je ne jette jamais rien !

Publié le 28/03/2024
  • Prévention

Vous ou l’un de vos proches avez tendance à accumuler de nombreux objets ? Vous rencontrez des difficultés à vous en séparer ? Si ce comportement pèse sur votre quotidien, il s’agit peut-être de syllogomanie.

Des montagnes de magazines posés dans un coin du salon, des vêtements jamais portés entassés dans la chambre ou des modes d’emploi de vieux appareils électroménagers qui s’entassent dans la cuisine… voici quelques exemples de symptômes visibles de syllogomanie.

Une accumulation pathologique

Ce trouble psychique se caractérise par « une accumulation pathologique d’objets en tous genres, sans utilité, voire de déchets et d’une impossibilité de jeter, explique le docteur Maurice Bensoussan, psychiatre et président de l’Association française de psychiatrie (AFP) et du Syndicat des psychiatres français (SPF). Le fait d’entasser et d’empiler tous ces objets a un retentissement sur la vie quotidienne et sociale du patient et entraîne une souffrance. » Quand l’accumulation persiste dans le temps, elle peut même empêcher la personne d’utiliser certaines pièces trop encombrées ou conduire à son isolement, car elle n’ose plus recevoir ses proches à son domicile.

« On estime que 2 à 3 % de la population est concerné », constate le psychiatre. Quant à savoir quel type de personne est plus concerné : « Nous ne disposons pas encore d’une typologie précise », répond-il.

Le syndrome de Diogène : une forme extrême

Le syndrome de Diogène est la forme la plus sévère de syllogomanie. Il est caractérisé par l’accumulation pathologique d’objet, dont ses propres déchets. Il en résulte une mauvaise hygiène et un isolement social. Quand on imagine une accumulation pathologique d’objets, on visualise souvent le véritable capharnaüm dans lequel peut vivre une personne qui souffre du syndrome de Diogène. « Il s’agit là d’une forme extrême de syllogomanie, indique le docteur Bensoussan. Elle est aussi plus large puisqu’elle associe l’accumulation, la négligence de l’hygiène corporelle et domestique ainsi que l’isolement social. »

Des causes diverses

Les causes de ce trouble peuvent être multiples. « Il peut être l’expression de difficultés personnelles, être lié à une anxiété ou à une fragilité », énumère Maurice Bensoussan qui préconise de réaliser une analyse personnelle du symptôme pour en trouver la source. La syllogomanie peut aussi s’accompagner d’autres pathologies comme le stress post-traumatique ou encore l’hyperactivité.

Aider à prendre conscience

La prise en charge combine à la fois une approche psychothérapeutique (en utilisant notamment les thérapies cognitives et comportementales – TCC) et un traitement médicamenteux, si nécessaire. Mais une difficulté demeure : il faut accepter de se faire accompagner. « Il est parfois compliqué de prendre conscience de sa situation et de reconnaître que l’on a besoin d’aide, confirme le psychiatre. Certains patients arrivent toutefois à entamer la démarche de soins. »

Léa Vandeputte
 

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